Dynasty ou la victoire du réseau



J'étais très séduit par l'idée de cette exposition qui met en avant la jeune création française (au sens large) à la fois au Palais de Tokyo et au Musée d'Art moderne de la ville de Paris. Je suis à priori tout à fait favorable à ce que les institutions publiques présentent plus régulièrement des oeuvres de jeunes artistes émergents.

Cependant j'ai été extrêmement déçu par l'exposition. Pas à cause de la qualité des oeuvres mais parce que cette exposition ne dit absolument rien. En quoi ces pièces nous éclairent-elles sur l'art d'aujourd'hui (et de demain) ? Quel rapport y a t-il entre elles ?
On ne voit pas et les curateurs non plus, qui se contentent de montrer "la multiplicité des techniques et des approches stylistiques". Dès lors l'accrochage ne peut être que mauvais puisque toute mise en tension entre ses pièces qui n'ont rien à voir est impossible.
Cette absence de propos de la part des curateurs pose un autre problème, celui du choix des artistes. Quand un curateur fait une exposition autour d'une problématique x ou y, on imagine qu'il choisit des artistes en fonction de son propos, pour défendre son idée. Vu l'absence totale de problématique ou de thème on peut se demander ici sur quels critères les participants ont été choisis. Y a t-il eu des quotas pour que les grandes écoles soient toutes représentées par d'anciens élèves ? Est-ce que les galeries ont été invitées à présenter "leur" jeune artiste français ? Dans les petits papiers de qui fallait-il se trouver ?

Bien sûr les réseaux ont toujours existés ; par définition le curateur ne peut inviter que des artistes qu'il connait, mais ici on a le sentiment que l'appartenance au réseau est le seul critère de sélection.

Quel est finalement l'enjeu de cette exposition ?
Avec Dynasty, les deux institutions publiques que sont le Palais de Tokyo et le Musée d'Art moderne de Paris, renoncent à leur mission d'offrir au public un axe de lecture de l'art contemporain. A la place elles deviennent le sponsor, le garant de qualité d'un certain nombre d'artistes, qu'on retrouvera sans aucun doute à la Fiac. Au final cet accrochage ne sert pas au grand public qui ne pourra construire aucune réflexion sur l'art français mais aux collectionneurs à qui l'on propose de retenir 40 noms d'artistes.

Le titre est peut être la seule bonne trouvaille de l'expo. En se référant à un sous Dallas des années 80, une série dont les enjeux tournent uniquement autour de l'argent et de la séduction, il montre bien ce qu'est aujourd'hui le monde de l'art.

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