Tapisser Partout, des photos et un peu de texte

Vue d'ensemble de l'exposition / Photo David Rybak
Same old, same old / Photo David Rybak
Vue d'ensemble, deuxième pièce de la galerie / Photo David Rybak

Rencontre entre les motifs de papier peint, ici le mien et celui de Claire Pedot / Photo David Rybak
Détail de l'intervention de Baptiste Caccia / Photo David Rybak
Clément Balcon et ses masques, exposé au sous-sol de la galerie / Photo David Rybak
Bien sûr les choses tournent mal, ma pièce en sable, au sous-sol de la galerie / Photo Clément Balcon


Nous étions exposés, avec mes collègues de l'Insolante, à l'Arondit, du 14 octobre au 12 novembre. Cette invitation faisait suite au dossier que nous avions envoyé en réponse à l'appel à candidatures de ce nouvel espace d'art, dont la vocation est d'offrir à "des artistes réunis en collectifs de présenter leurs travaux pour un projet commun".

Comme beaucoup d'autres jeunes artistes, nous travaillons de facto collectivement, partageant un espace et un outil de production, notre atelier de sérigraphie. Pour reprendre un terme très en vogue, c'est un artist run space, où nous cherchons, en mutualisant les moyens, à trouver les modalités de production et de diffusion d’œuvres - en parallèle / en plus / à côté - de ce que notre accès au marché de l'art nous permet. Ce qui nous amène à concevoir des éditions, organiser des expositions, rejoindre des salons, etc.  

Si on trouve forcément des liens entre les travaux d'artistes de ce type de collectif "de moyens", ils sont plus imputables aux emprunts inconscients, à l'air du temps et aux outils communs qu'à une démarche partagée.
Dans le cas de notre exposition, au delà des jeux sur le motif autour desquels nous avions construit notre projet, on pouvait trouver des réflexions sur l'unique/multiple inhérente à la pratique de la sérigraphie mais aussi plusieurs pièces, qui en jouant sur l'éphémère, se retrouvaient dans une certaine idée de la mélancolie.
Que ce soit les Memento Mori de Benjamin Grafmeyer, impressions au nitrate d'argent vouées à s'altérer en fonction de leur exposition à la lumière, les installations florales de Baptiste Caccia, dont les roses baignaient dans le substrat de sa peinture ou encore ma pièce en sable coloré qui en plus des altérations subies lors de l'exposition était destinée à une disparation totale, on retrouve un rapport au temps qui s'écoule et une même idée de fragilité.
Ces idées sont aussi, d'une autre manière, dans les masques de Clément Balcon, qui décomposent les variations d'expressions d'actrices, instants par définitions fugaces, et finalement aussi (même si elle réfuterait peut-être cette lecture) dans le motif d'apocalypse choisi par Claire Pedot pour son papier peint, qui, dans son sens commun, évoque la fin du monde. Voilà pour l'air du temps.

En cela, nos collectifs d'artistes contemporains n'ont plus rien à voir avec les groupes d'artistes modernes, qui ne partageaient pas un atelier mais se retrouvaient autour d'un programme, le plus souvent esthétique comme social, qui donnait lieu à un manifeste.  
Si certains critiques (et il faut d'emblée dire qu'ils sont peu nombreux) continuent à chercher ce qui rapprochent des artistes, on constate qu'il s'agit de moins en moins de travailler avec (ou à partir) d'un groupe de créateurs formé de manière autonome mais plus d'un agrégat d'individualités qui, sans se fréquenter, utilisent pourtant des concepts similaires - A ce titre le dernier ouvrage de référence reste à ma connaissance l’esthétique relationnelle de Nicolas Bourriaud -. 

En ne proposant pas d'exposition personnelle ou d'exposition collective organisée par un commissaire (ou collectionneur) visionnaire, l'Arondit est à contre courant des modèles actuels de la galerie et de la fondation. Bien qu'il soit proche de ce dernier, dans la mesure où il doit son existence à deux mécènes, il ne ressemble en rien aux fondations de collectionneurs ou d'entreprises qui continuent de pousser à Paris ; il n'est ni l'outil de la promotion de ces fondateurs, ni l'écrin de leurs collections personnelles (on remarquera d'ailleurs que leurs noms ne figurent même pas sur le site du lieu).
Tout cela fait de cet espace d'art un objet inhabituel dans le paysage des institutions culturelles parisiennes. Pour les artistes c'est une opportunité de monter au cœur de la capitale des projets qui restent souvent confinés aux ateliers de la périphérie parisienne. 





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