Château La Coste

Acquis en 2004 par l'homme d'affaires irlandais Patrick « Paddy » McKillen, ouvert au public depuis 2011, le château La Coste est aujourd'hui à la fois un vignoble, un complexe hôtelier et un centre d'art dont les collections, la programmation et l'architecture ont de quoi faire pâlir d'envie un grand nombre d'institutions culturelles.

Si le domaine abrite maintenant aussi un espace d'exposition plus classique, sa grande idée d'origine est son parcours "art et architecture" qui emmène le promeneur sur les sentiers, entre les vignes puis sur les collines entre les chênes, découvrir les installations in-situ de certains des plus grands noms du land art et de la sculpture monumentale.
C'est en effet un casting de rêve avec côté pièces Tracey Emin, Liam Gillick, Andy Goldsworthy, Richard Serra, Sean Scully, Franz West ou encore Louise Bourgeois et côté architecture Frank O. Gehry, Jean Nouvel et Tadao Ando...

Si le lieu mérite indiscutablement une visite, difficile néanmoins de ne pas se montrer critique face à cette sélection qui fait parfois plus un effet de name dropping que de choix de mécène.
Si on s'amuse à y regarder de plus près on verra ainsi que l'âge moyen des artistes invitées est de 66 ans, et que le prix d'acquisition des oeuvres doit varier entre la centaine de millier et le million d'euros en fonction des côtes de chacun.
Une collection dans laquelle Othoniel, du haut de ses 53 ans est le benjamin et Andy Goldsworthy, malgré sa notoriété, fait figure de petit poucet avec sa 2500ème position dans le classement Artnet.
On est donc ici aux antipodes de la prise de risques ou du soutien à la jeune création, si l'on met de côté Larry Neufeld, seul vrai inconnu parmi la vingtaine de créateurs présents.

La sensation que les oeuvres jouent ici, avant tout, un rôle de marqueur social et un affichage de puissance, est accentuée par les toutes nouvelles villas ouvertes dans le vignoble. Leurs tarifs de location oscillent entre 600 (la plus petite en basse saison) et 2500 euros/la nuit (pour la plus grande en haute saison). Soit une nuitée en moyenne de l'ordre du salaire mensuel médian français ; l'expérience est bien évidement réservée aux ultra-riches, auxquels la hauteur du droit d'entrée garantit l'entre-soi.

Le château La Coste est un lieu exceptionnel dont la visite est à la fois enthousiasmante quand on y déambule et profondément déprimante dans les réflexions qu'elle suscite après coup. Elle rappelle que l'art contemporain est à l'image du reste du monde, subissant un phénomène de concentration des richesses.
Dans une région où, dans ce qu'il convient maintenant d'appeler le siècle dernier, Cocteau ou Vasarely faisaient la décoration de salles des fêtes, les collectivités locales seraient aujourd'hui incapables d'acquérir une oeuvre d'un artiste de notoriété équivalente. Alors que l'art contemporain bat régulièrement des records en salle de vente, plus de la moitié des cotisants à la maison des artistes n'arrive pas à atteindre le montant de ventes leurs permettant d'y être affiliés.

Une araignée de Louise Bourgeois, devant la bâtiment d'accueil du domaine.



Les ponts de Larry Neufeld, avec en arrière plan la pièce monumentale de Sean Scully.


Sean Scully.

Une phallus signé Franz West.

Une pierre, son ombre peinte, son ombre réelle, une pièce belle et simple de Lee Ufan.


La croix de la petite chapelle, création de l'artiste français Jean-Michel Othoniel.
Drop, une sculpture cinétique de Tom Shannon.




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