Cherchez le garçon

L'exposition collective Cherchez le garçon se termine à la fin du mois et je vous conseille vivement de profiter de cette fin d'été à Paris pour aller y jeter un œil.

Le MAC-VAL n'est pas exactement super simple d'accès (à Vitry-sur-Seine, et même pas à côté de la gare) mais vaut largement le détour et, pour ne rien gâcher, l'entré y est gratuite ces vacances.

Pour cet accrochage, qui célèbre les dix ans du musée, le commissaire Frank Lamy a sélectionné une centaine d'artistes, tous hommes. On peut y voir un brin de malice vis-à-vis des nombreuses institutions qui au contraire organisent plus d’événements autour d'artistes femmes, cherchant à palier un déséquilibre historique en la matière (voir le travail des guerilla girls si vous ne voyez pas de quoi je parle).
Cependant rien d'antiféministe ici, bien au contraire. puisqu'il s'agit ici pour Frank Lamy de montrer comment les artistes hommes, eux aussi, réfléchissent sur le genre et cherchent à abandonner les stéréotypes de la société patriarcale.

On ne s'étonnera donc pas qu'une partie des œuvres aborde les questions de travestissement, que ce soit Kader Attia dans un étrange documentaire sur une communauté de travestis indiens (Collages, triptyque vidéo) ou Brice Dellsperger dans ses vidéos Body double (à voir ici sur vimeo).
Frank Lamy présente aussi de nombreux artistes aux démarches moins explicites mais qui mis ensemble montrent bien un zeitgeist qui n'a que faire des fantasmes de virilité conquérante. L'idée d'effacement et d'échec sont au contraire très présentes comme chez Jeremie Bennequin par exemple qui efface petit à petit Proust, et laisse d'A la Recherche du temps perdu une série de pages blanchies et des tas de pelures de gomme. 
Le commissaire n'a pas peur, pour appuyer son propos, de montrer plusieurs artistes qui réalisent la même pièce. On trouvera ainsi une autre version de l’effacement de Proust chez Sépànd Danesh ou encore trois images faisant suite au Saut dans le vide de Klein.
Dans l'ordre, Fayçal Baghriche Le saut dans le vide, Ciprian Muresan Leap into the void,
et Laurent Preixl, Bien Fait Mal Fait Pas fait Pas Faisable
La vaste sélection d'artistes donne à l'accrochage un aspect parfois un peu brouillon qui rappelle les foires d'art mais on se laisse rapidement séduire, pour peu qu'on se donne le temps de se promener dans l'exposition. 

Enfin, on pourra aussi se réjouir de voir que le commissaire, tout en s'offrant quelques superstars étrangères (Maurizio Cattelan, Bruce Nauman, Robert Mapplethorpe), met en avant la scène française, des vétérans comme Monory aux trentenaires comme Oriol Nogues ou Théo Mercier en passant par Closky, David Ancelin ou Boris Achour. 


Commentaires

Articles les plus consultés