Anish Kapoor à Versailles

Suite des sorties estivales en région parisienne et changement total d’atmosphère, après le MAC-VAL à Vitry, le château de Versailles.  

Plutôt content que la nouvelle directrice Cathérine Pégard poursuive le travail d'invitation d'artistes contemporains qu'avait lancé Jean-Jacques Aillagon, je suis allé voir les sculptures d'Anish Kapoor. La bonne nouvelle est que l'exposition est (quasiment) uniquement dans les jardins, pas besoin donc de s’acquitter des 15 euros d'entrée pour une visite du Palais (attention cependant à éviter les spectacles, concerts et autres grandes eaux qui vous obligeront à acheter un ticket).

Comme lors des précédentes éditions, l'exposition a connu son "scandale", occasion à la fois pour les associations conservatrices d’exister médiatiquement et bien sûr de créer un "buzz" à peu de frais qui garanti l'affluence des curieux. 
On admettra pour le coup que lors de son entretien au JDD, Anish Kapoor n'y est pas allé de main molle...

Pour ce qui est des sculptures, elles ont la qualité d'être à l'échelle du lieu. Le challenge de Versailles, c'est dans un premier temps de réussir à ne pas être écrasé par le poids de cet espace, de son efficacité visuelle. Kapoor est coutumier de ce genre de défi, qu'il avait su relever à la Monumenta en 2011. L'exposition est moins impressionnante que celle du grand palais, mais les pièces sont là et arrivent - par moments - à créer une certaine tension avec le lieu.

Car malheureusement tout n'est pas réussi, comme C-Curve, avec laquelle on démarre notre visite. Malgré un certain charme, ce grand miroir incurvé reste quand même une pièce à selfie (ce que la photo suivante de l'artiste aurait tendance à confirmer...).

Anish Kapoor devant sa pièce C-Curve, miroir incurvé qui permet de voir la totalité de la façade du château...
En descendant l'axe principal vers le grand bassin se trouve Sky Mirror, qui, avec sa lentille réfléchissante sur trépied ne manquera pas de faire penser à un télescope... Clin d’œil certainement à l'ancien propriétaire des lieux. 

On arrive ensuite à Dirty Corner, le fameux "vagin de la Reine". Un gigantesque tube métallique semble sortir du parterre de Le Notre, propulsant autour de lui divers rochers... L'installation est certainement la plus dérangeante. Au contraire du brillant et du lisse des autres, elle a un aspect sale et mystérieux. On se demande aussi bien ce qu'il pourrait rentrer ou sortir de ce tunnel en forme de tulipe. Si la connotation sexuelle est assez évidente, on regrette malgré tout un peu que Kapoor ait forcé cette lecture lors de son interview, ce qui enlève à Dirty corner une partie de sa poésie...  

A ce stade de la promenade on commence à percevoir une certaine logique dans la suite des œuvres, le regard dans un premier temps invité à se tourner vers le ciel est dirigé vers le sol, idée qui se confirme avec Descension, qui clôt le parcours le long de l'axe central.   
La pièce, incroyablement photogénique est un peu survendue par la prise de vue officielle du château. En effet entre temps ont été installées des barrières de sécurité qui créent une mise à distance qui finalement neutralise la tension du dispositif (ce n'est plus un gouffre mais simplement son illustration).

La pièce, telle que sur la page officielle de l'exposition
Dans l’enchaînement de ces quatre pièces, Kapoor se montre respectueux de la logique du lieu, et/ou prudent face à sa force, en restant toujours sur l'axe de symétrie crée par Le Notre. Plutôt que de chercher à perturber la grande perspective des jardins il cherche plutôt à créer un nouvel axe ascension/descente qui renvoient à des espaces invisibles.   
On regrette une logique qui fonctionne mais reste assez superficielle, dans laquelle les pièces ont du mal à garder leur autonomie et perdent beaucoup de leur aura, devenant au mieux des objets métaphoriques au pire de simple gadgets.

Au final, c'est la pièce cachée dans le bosquet de l'étoile que nous avons préféré. Dans laquelle on retrouve tous les thèmes chers à l'artiste mais dans une sculpture dont on fait vraiment l'expérience (on entre dedans, on tourne autour et à chaque fois, elle se révèle différemment).     

Sectional body preparing monadic singularity


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